Tunisie : Riadh Chaiïbi révèle les raisons de sa démission d’Ennahdha

Publié le Mardi 19 Novembre 2013 à 12:15
Riadh ChaiïbiRiadh Chaiïbi, membre de Majless al-choura d'Ennahdha, a déclaré que sa démission du mouvement, intervient en protestation contre l’abandon des revendications de la révolution et la réintégration des symboles de l’ancien régime dans la vie politique.

Chaiïbi avait annoncé lundi sur sa page Facebook sa démission du mouvement Ennahdha, ajoutant qu’il publiera ultérieurement la lettre complète de sa démission. Aucune réponse officielle n’a émané du mouvement au sujet de cette démission jusqu’au matin de ce mardi, excepté la déclaration de Ajmi Lourimi faite au journal ettounsya, rapportée sur sa page officielle. "Le mouvement n’a officiellement reçu aucune démission de Riadh Chaiïbi", a-t-il dit, signalant que seul Majless al-Choura (Conseil consultatif) est habilité à examiner cette démission.

Dans un entretien avec l’agence de presse turque Anatolie, Chaiïbi a déclaré que sa démission  remonte à trois mois. "J’avais une rencontre avec le président d’Ennahdha, cheikh Rached Ghannouchi, depuis à peu près trois mois, et je l’ai informé de cette démission", a-t-il indiqué, précisant qu’il n’a pas eu d’activités au sein des institutions du mouvement depuis trois mois.

Il a ajouté avoir annoncé sa démission maintenant (après trois mois), étant donné la situation politique que traversaient le pays et le mouvement à cette date. "Je n’ai pas annoncé ma démission de crainte qu’elle ne perturbe les pourparlers et le dialogue," a-t-il souligné.

"La démission exprime une position, la situation politique est entrée dans un dangereux tunnel. Le processus politique est passé d’une tentative de réaliser la transition démocratique effective à de simples négociations partisanes derrière des portes closes, pour se partager le pouvoir", a-t-il dit, exprimant son souci que sa démission ne soit pas exploitée par quelque partie que ce soit dans ses négociations avec Ennahdha. 

Riadh Chaiïbi considère que "le grand bénéficiaire de la crise actuelle, et l’entrée principale pour son règlement est la force de la contre-révolution qui s’est restructurée".  

Selon ses dires, "ce qui se passe à l’intérieur du mouvement Ennahdha se répercute d’une manière directe sur le processus politique dans le pays. Pour cette raison, la décision claire s’est bloquée au sein du mouvement, et le fait qu’il n’ait pas (mouvement) des alternatives politiques pour la crise actuelle, n’est que l’un des aspects de la crise politique générale", en Tunisie.

Le cadre démissionnaire du mouvement islamiste considère que "la difficulté qu’a le mouvement à répondre aux exigences de la transition démocratique dans la réalité tunisienne, constitue l’un des obstacles en son sein".

"Il aurait fallu qu’Ennahdha, étant le principal parti du pays, réponde avec audace et courage aux exigences de la révolution, et œuvre pour le parachèvement du processus révolutionnaire, mais hélas, ni le gouvernement qu’il a dirigé n’a pu s’engager pour l’agenda de la révolution, ni ses manœuvres politiques n’ont pu défendre ses revendications".

"Les choix socio-économique du gouvernement n’ont pas été différents de ceux de l’ancien régime. Idem pour ses choix politiques", a-t-il dit, reprochant à son mouvement "de ne pas avoir été claire en matière de rupture avec les résidus de l’ancien régime". Par ailleurs, "la reddition des comptes et la justice transitionnelle ont été absentes de l’agenda politique du mouvement et du gouvernement".

Selon son opinion, "le dialogue national n’a réussi, qu’à rassembler les rivaux aux dépens de la révolution et de ses revendications. Les décisions du dernier congrès du mouvement, et de Majless al-Choura ont été claires pour ce qui est de la demande de parachèvement du processus révolutionnaire. La volonté politique a néanmoins fait défaut pour réactiver ces décisions", a-t-il regretté.

"Le mouvement Ennahdha a possédé le pouvoir, sans gouverner, et sans qu’elle n’ait la capacité d’appliquer la loi et de préserver la suprématie des institutions et la souveraineté de l’Etat", a-t-il indiqué. Il a fait assumer la classe politique tunisienne représentée par ses symboles historiques, "une responsabilité grave d’abandonner les revendications et les objectifs de la révolution, et d’accepter la réintégration des résidus de l’ancien régime".

Il a regretté que "le conflit entre les forces révolutionnaires et les forces contre-révolutionnaires se transforme en un conflit sur les résidus de l’ancien régime, et qui pourrait normaliser ses relations avec eux pour garantir sa position dans l’avenir."

Sur l’alternative politique qu’il propose, Riadh Chaiïbi a rétorqué : "nous avons aujourd’hui besoin en Tunisie de nouvelles forces politiques jeunes, engagées en faveur de l’agenda et des revendications de la révolution".

Riadh Chaïbi est chercheur en philosophie politique et a passé de longues années en prison sous l’ancien régime. Il a présidé la commission de préparation du 9ème congrès d’Ennahdha tenu en juillet 2012 à Tunis.  


 

Commentaires 

 
#2 traitrise
Ecrit par manouche     25-11-2013 15:45
nous avons cru à un sursaut de conscience devant le gachis perpetré par nahda mais il s'avere que tu te retires de cette formation parceque tu trouves qu'elle ne fait pas assez de mal à la Tunisie donc tu est un (...) et un traitre nous avons cru à un sursaut de conscience devant le gachis perpetré par nahda mais il s'avere que tu te retires de cette formation parceque tu trouves qu'elle ne fait pas assez de mal à la Tunisie donc tu est un (...)et un traitre
 
 
+3 #1 Il ne suffit pas de
Ecrit par volvert     20-11-2013 03:52
Qu'entend-il par "forces révolutionnaires" et "forces contre-révolutionnaires'?
Considère-t-il son parti, Ennahdha, comme "révolutionnaire"? Et, pour le coup, veut-il inférer que les oppositions de gauche seraient du camp de la "contre-révolution"?
En soutenant que Ennahdha ne gouverne pas, ne fait pas preuve de courage politique, il confirme l'utilité du recours à une solution de rechange en confiant le pouvoir à des gens compétents et désireux de servir le pays. Ce faisant, il reconnait la responsabilité première de son parti dans la crise grave que vit le pays avec ses conséquences dommageables pour la
population confrontée à l'insécurité économique et sociale.
Ce n'est pas en arguant de l'hypothèse de "conflit de générations" sous-entendue dans son propos, qu'il ouvre à des solutions possibles.
Il aurait pu nommer l'incurie et le népotisme, doublés d'amateurisme. Il pouvait dénoncer les collusions avec les tenants de la terreur qui bénéficièrent, et bénéficient encore, de la bienveillance de ses amis toujours enclins à les élargir pour grossir les rangs de leurs troupes.
Enfin, en sa qualité de membre du "bureau politique" ,la choura, il porte une responsabilité que sa démission, si elle était effective, n'annule point.
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.