Tunisie : Marzouki met en garde contre l’instabilité, si BCE l’emporte

Publié le Mercredi 26 Novembre 2014 à 11:26
Moncef Marzouki Moncef Marzouki a mis en garde hier, mardi 25 novembre, contre "le danger pour la stabilité du pays", si son compétiteur, Béji Caïd Essebsi, venait à remporter l’élection présidentielle.

Dans une interview à France 24, Marzouki a déclaré que "la révolution a été faite pour instaurer l’Etat démocratique,  les libertés et en finir avec l’ancienne époque". "Aujourd’hui, l’ancienne époque revient incarné par Béji Caïd ESsebsi", a-t-il dit, estimant "le retour de l’ancien régime, la concentration des pouvoirs (gouvernement, présidence de la République et présidence du parlement) entre les mains d’un seul parti, et les mentalités qu’on est en train de voir, -ils menacent le gens, menacent de me juger, de dissoudre les partis qui m’ont soutenus, là où je vais-je trouve leurs milices-  tout cela constitue  un danger pour la stabilité".

"Ce peuple a fait une révolution, a consenti des sacrifices et il n’est pas prêt à retourner au passé", a-t-il martelé.

La seule solution à même de garantir la stabilité de la Tunisie est, à ses yeux, qu’il y ait équilibre des pouvoirs.

Pour le président sortant, "Béji Caïd Essebsi n’est pas démocrate, il a reconnu lui-même avoir falsifié les élections en 1981". Et d'ajouter plus loin : "Il n’a pas encore pris le pouvoir, il refuse le débat démocratique, ne respecte pas la constitution,  s’en prend à l’électorat, et là où je vais-je trouve ses milices". Selon sa perception, "la ligne de démarcation n’est pas entre islamistes et laïcs mais entre démocrates et non-démocrates".

S’agissant de la missive qu’il avait dépêchée à Béji Caïd Essebsi l’invitant à désigner un chef du gouvernement afin qu’il le charge officiellement, il a indiqué avoir suivi cette démarche sur conseil de ses experts constitutionnalistes. "S’il y a différentes lectures de cette question, au moins deux, pourquoi en tenir compte de la leur et non de la mienne", a-t-il dit, indiquant avoir dit aux représentants du dialogue nationale, "il n’y a rien d’autre entre nous que la constitution".

Marzouki a plaidé pour "un débat rationnel dans ces deux semaines, loin de la tension, car quoiqu’il en soit, on va finir par coexister".

Interrogé sur son réservoir électoral, il a dit être le seul à attirer des électeurs de toutes les régions, toutes les couches sociales et toutes les sensibilités politiques. "Le peuple dans toutes ses factions va se ranger derrière moi indépendamment des cosignes données par cette direction (de parti) ou l’autre", a-t-il prédit.

Sur la question de savoir s’il est prêt à accepter les résultats des élections si son compétiteur l’emporte, il a indiqué qu’à la différence de son adversaire, il croit à "la chevalerie", "Mais, c’est à eux (Nida Tounes) qu’il faut retourner la question, sont-ils capables d’une telle chevalerie ?".
Gnet