Tunisie : Le prix Ibn Rushd attribué à Rached Ghannouchi

Publié le Mercredi 22 Octobre 2014 à 11:03
Rached Ghannouchi.Le Fonds Ibn Rushd pour la liberté de pensée annonce dans un communiqué  l'attribution du 16 ième prix Ibn Rushd à Rached Ghannouchi, homme politique tunisien, défenseur d'un Islam moderne. La remise du prix aura lieu à Berlin le 5 Décembre 2014.
 
Rached Ghannouchi qui a étudié la philosophie au Caire, à Damas et Paris, est l'un des penseurs politiques contemporains le plus important du monde islamique. C'est un grand promoteur de la compatibilité de l'islam avec les principes du pluralisme, de la liberté, de la modernité et de la démocratie. Depuis les années 1970, le cheikh Ghannouchi a écrit de nombreux livres sur des questions d'actualité, notamment sur l'Islam et la modernité, la démocratie, la laïcité, le gouvernement civil et la société civile, la religion et le pluralisme de même que sur les relations entre l'Orient et l'Occident. Ghannouchi a influencé de manière décisive par son activité politique comme par ses écrits la pensée politique et religieuse en Tunisie et dans le monde arabe et islamique.
 
Le prix Ibn Rushd en 2014 est attribué a une personne qui défend un islam moderne comme base de la société civile et qui contribue par son travail théorique ou son action politique à la création ou promotion d'un État arabe moderne et démocratique.
 
Rached Ghannouchi a apporté une contribution extraordinaire au débat fondamental initié dès le 19ème siècle sur la relation entre la société civile et de l'islam, et sur la question du rôle des deux composantes dans la création d'un État moderne et démocratique. Contrairement aux contributions de nombreux autres intellectuels islamiques qui ont abordé le sujet avant lui, les contributions de Rached Ghannouchi se distinguent par le fait qu'elles sont moins académiques, mais plus compréhensibles. En tant que politicien, il essaie de mettre ces principes en pratique, ce qui n'est pas sans entrainer des controverses au sein d’Ennahdha, le parti auquel il appartient.
 
Rached Ghannouchi comprend la démocratie comme constituante d'un Islam moderne, pour lequel il se bat. Il est fermement convaincu que l'islam ne contredit pas les principes d'un Etat démocratique et plaide pour un Etat civil où l'islam soit une des religions admises. Il cite en exemple la Grande-Bretagne, où il a vécu 20 ans comme exilé politique. Selon lui c'est la domination des dictateurs arabes qui ont opprimé par la force la religion qui est à la source de l'extrémisme religieux actuellement omniprésent. Seul le respect de la religiosité de la société civile et l'existence d'un parti islamique modéré dans une société libérale peut lutter efficacement contre l'extrémisme.
 
Il fait valoir que coopération, consensus et coalitions sont des valeurs essentielles pour réaliser la transition démocratique en Tunisie, c'est pourquoi le parti Ennahdha a conclu une coalition avec des partis laïques. Il s'est vu attribuer avec le président tunisien Moncef Marzouki le prix 2012 British Chatham House, attribué à tous deux pour leurs fructueux compromis en vue de la transition démocratique en Tunisie.

 La nouvelle Constitution tunisienne garantit aux citoyens tunisiens des libertés fondamentales. Elle prend appui sur la déclaration universelle des droits de l'homme. Elle ouvre la voie à un Islam ouvert et tolérant, garantit aux citoyens la liberté religieuse. Et c'est bien l'influence de Rached Gannouchi et les idées qu'il défend comme fondateur du parti Ennahdha qui ont permis que l'assemblée constituante vote la nouvelle constitution tunisienne.

Communiqué