"L'indépendance de la justice est la responsabilité de tous" (Ben Ammou)

Publié le Vendredi 20 Septembre 2013 à 11:14
Le ministre de la Justice Nedhir Ben Ammou, a declaré hier jeudi, leur d’une plénière d’audition à l’Assemblée Nationale Constituante que la notion d’indépendance d’un ministre n'est pas absolue. «Le ministre est indépendant des partis politiques, mais cela ne veut pas dire qu’il est indépendant du gouvernement. Il fait partie d’un gouvernement, qui répond au principe de solidarité…chaque ministre doit se montrer solidaire avec les autres ministres et vice versa… Par ailleurs, il n’y a que deux choses auxquelles je me plie, le serment que j’ai prêté le jour de ma nomination pour faire appliquer la loi, et l’intérêt national. C'est le baromètre pour savoir si quelqu’un a réussi sa mission ou non », a-t-il dit.

Le ministre de la Justice a ajouté qu’il était convaincu que pour atteindre l’indépendance de la justice il fallait un travail de tous les jours, qui nécessitait l’effort de tous. « La justice ne devient pas indépendante du jour au lendemain. Il ne suffit pas de le vouloir pour que cela arrive. C’est un travail à faire sur les mentalités et les comportements des juges et des justiciables», a-t-il ajouté, en défiant quiconque qui l’accuserait d’avoir intervenu dans une quelconque affaire, en rappelant que son administration avait fourni tous les efforts nécessaire pour installer l’Instance Judiciaire, qui a la charge de nommer les juges et de décider de leurs mouvements.

« La question est de savoir si la justice est indépendante des pressions sociales, si elle est indépendante des tiraillements politiques, si elle est indépendante des tiraillements partisans ? La réponse est non. Ou peut-être qu’une partie est indépendante et l’autre est en passe de  le devenir », a-t-il dit. Ben Ammou a par ailleurs, critiqué la profusion « d’experts en justice » sur la scène médiatique, «  et leur lots d’expertises servies à l’opinion publique comme étant la vérité absolue, et indiscutable…avant même qu’un juge n’ait statué sur l’affaire », a-t-il dit. Ces faits portent selon lui préjudice à la justice, car met une pression sur les juges, qui au lieu d’appliquer la loi, sont poussés à répondre aux attentes de l’opinion publique.

«A propos des procès des journalistes, à chaque fois que cela a lieu, on dit que c’est le ministère de la justice qui est derrière, et donc le parquet…et là on commence à appeler à l’indépendance du parquet…En réalité, le ministère de la Justice prévient le procureur général  des affaires, et l’autorise à ouvrir une enquête.  Mais le procureur s’en tient à la loi et apprécie par lui-même l’utilité d’un procès ou non. Il faut aussi savoir que ce n’est pas le ministre de la Justice qui nomme le procureur de la république et donc n’a aucune autorité sur lui. Et donc seule la mentalité et les comportements sont à réformer… », a dit le ministre. Il a ajouté que s'il y a juges corrompus, c'est tout un système qui en est responsable ; client, avocat, juge...

Au sujet de l’Affaire Zied el Héni, Nedhir Ben Ammou a nié toute implication de son ministère, ou toute intervention, estimant que toutes les procédures légales ont été respectées.  «  Et que  même s’il y a eu erreur, il faut passer par la procédure légale, et respecter la loi. Ce n’est pas en investissant le bureau du juge ou en faisant un sit-in que l’on va changer les choses et faire respecter la loi. Il faut respecter la loi soi-même sinon c’est la loi des castes. A chacun une loi qui lui convienne. Ce qui n’est pas normal »,  a-t-il souligné.
Gnet