Hamadi Jebali fait son mea culpa et récuse tout lien avec les attentats

Publié le Mardi 06 Janvier 2015 à 16:02
Hamadi Jebali Hamadi Jebali a regretté ce mardi d’avoir occupé la fonction de chef du gouvernement dans le contexte de l’époque. "C’était une erreur d’avoir assumé cette responsabilité", a-t-il souligné, se disant insatisfait quant à la manière dont le gouvernement a été composé, ainsi que sur certains aspects de sa gestion.

"Avec du recul, je ne me voyais pas forcément à ce poste dans une telle conjoncture", a-t-il déclaré ce mardi sur Radio Jawhara, reprochant à l’opposition d’avoir été "destructrice". "Plus je fais des reproches à la troïka, aux chefs des partis et à moi-même, plus mes reproches se dirigent dans une proportion de 60 à 70 %, à ce qu’on appelle l’opposition, qui était destructrice". "Ils (les opposants) ont bâti toute leur stratégie sur la démolition et non sur la construction", a-t-il déploré.

Hamadi Jebali a réfuté tout lien avec les attentats de Sousse et de Bab Souika dont on l’accuse, pointant "une supercherie et un disque rayé", utilisés à chaque fois qu’"ils sont (ses adversaires) à court d’arguments et que des affaires politiques sont évoquées". "Si j’avais participé à ces opérations, Ben Ali m’aurait-il lâché ?", s’est-il interrogé. "Ben Ali était venu à Sousse à l’époque, est resté des jours et a enquêté lui-même pour essayer de trouver la moindre preuve contre Hamadi Jebali, afin qu’il s’en débarrasse, ainsi que d’Ennahdha,  mais il n’en était rien, et les aveux m’accablant étaient inexistants", a-t-il affirmé.

Le leader démissionnaire d’Ennadha a estimé possible de fonder un parti politique, à condition qu’il réponde à "une nécessité sociétale". "S’il y a un besoin sociétal de créer un nouveau parti, je le ferai, mais je serai circonspect et je réunirai toutes les conditions de succès (à ce projet), à défaut, si ces conditions sont inexistantes, je m’abstiendrai", s'est-il engagé, n’excluant pas l’éventualité de se préparer à la reconquête du pouvoir dans cinq ans.   

Hamadi Jebali a exclu toute disposition à adhérer au mouvement du peuple des citoyens annoncé par l’ancien président, Moncef Marzouki, au lendemain de l’annonce des résultats du second tour. Tout en reconnaissant la liberté à Marzouki de créer un tel mouvement qui constitue, à ses yeux, "un enrichissement du paysage politique", il a dit ne pas chercher à appartenir à un parti.

"J’ai mes références, mes principes, mes valeurs et mes objectifs. Je ne me vois pas dans un autre parti. Si je cherche un parti, je serai resté dans le mien, auquel j’ai appartenu pendant 40 ans", a-t-il souligné.

Il a encore ajouté que sa démission du mouvement Ennahdha était due à "des raisons profondes, et à ses désaccords avec certains dirigeants sur le rôle du mouvement, et son positionnement sur la scène politique et la société", excluant tout retour au parti. "Je ne ferai pas la guerre au mouvement, mes relations sont bonnes avec tous mes frères du mouvement".

Il a affirmé ne pas avoir quitté la politique et la vie publique, se considérant comme un opposant. "Je ne serais pas un opposant systématique, mais un opposant, car je crains l’hégémonie et la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul parti, étant entendu que la démocratie est le fait d’être le plus proche de l’équilibre politique et sociétal", a-t-il souligné.  
Gnet