Tunisie : Habib Essid se dit satisfait de 95 % de ses ministres

Publié le Vendredi 22 Mai 2015 à 12:42
Habib EssidLe chef du gouvernement, Habib Essid, s’est dit satisfait de l’action du gouvernement au cours des 100 premiers jours, soulignant que 95 % des ministres étaient à la hauteur des attentes.

A deux jours d’intervalle, et à l’heure où il est attendu sur le bilan des 100 jours de son gouvernement, le locataire de la kasbah a accordé deux interviews, la première, c’était mardi à France 24, et la deuxième, hier à la chaîne al-hiwar Ettounsi.

Interrogé par Hamza Balloumi sur la prestation des ministres de souveraineté, il a qualifié celle du ministre des Affaires étrangères de "normale", admettant que "dans tout nouveau gouvernement, des problèmes peuvent surgir mais qui ne sont pas prémédités".

Il a employé la même épithète pour évaluer l’action du ministre de l’Intérieur, signalant qu’"en dépit de la campagne menée à son encontre dans plusieurs milieux, il était à la hauteur des attentes, et a accompli son rôle dans les meilleures conditions".

Il a fait état de la bonne prestation du ministre de la Défense, lui aussi objet de quelques réserves lors de sa désignation, valorisant "la coordination entre les ministres de la Défense et de l’Intérieur, laquelle est requise en matière de lutte contre le terrorisme".

Il a également considéré que le ministre de la Justice avait accompli son devoir, en termes de gestion de dossiers difficiles de préparation de projets de loi sensibles.

Tout en réitérant qu’il a la latitude de procéder à un remaniement à tout moment, et si le besoin se fait sentir, le chef du gouvernement affirme que l’idée d’un remaniement ministériel n’est pas à l’ordre du jour à l’heure actuelle.

Il a réitéré son appel à la population à faire preuve de patience, faisant remarquer que l’instabilité qu’a connue la Tunisie en matière de succession des gouvernements, a fait que les choses n’avancent pas selon le rythme escompté. "S’il y avait continuité, les résultats auraient été meilleurs", a-t-il dit.  

Habib Essid s’est défendu d’être souple ou de manquer de rigueur, revendiquant sa fermeté dans la gestion des affaires. "Les gens me reprochent d’être sévère", a-t-il dit, indiquant qu’il  n’est pas quelqu’un qui se rétracte et revient sur ses décisions.  

Il a réclamé une période d’une année pour voir un début de changement s’illustrer sur le terrain, à l’issue de laquelle, on peut lui demander des comptes. Selon ses dires, ce gouvernement est mandaté pour cinq ans, et on ne peut le juger en trois mois, il faut qu’il ait l’occasion de travailler. "Je suis clair dans mes engagements, si les choses ne commencent pas à s’améliorer au bout d’une année, j’opterai pour d’autres solutions", a-t-il promis.

Habib Essid précise qu’il n’a pas demandé à être chef du gouvernement, mais que ce poste lui a été proposé. "Si je n’avais pas accepté cette mission, je serais comme un soldat qui déserte le front, je me considérerais comme un déserteur", a-t-il martelé.

Il a par ailleurs déclaré que son gouvernement avait réussi à relancer quelques projets, admettant qu’il y a d’autres projets qui sont encore bloqués, car émaillés d’obstacles difficiles à régler.

Il a fait part d’une évaluation préliminaire qui relève "des chiffres mirifiques en matière de fonds attribués aux régions et qui ne sont utilisés". Les raisons ? Outre des problèmes au niveau de l’administration, il y a les grèves, les problèmes structurels dans plusieurs régions, le manque de cadres et des entreprises des travaux publics prêtes à s’engager dans ces régions, de crainte du manque de la main d’œuvre ou des troubles. "C’est ce qui fait que le taux de réalisation des projets dans les régions soit en deçà du seuil souhaité", a-t-il admis.

Le chef du gouvernement reconnait que la Tunisie traverse une crise économique aigüe, mais qui n’est pas sans précédent. "Si on regarde en arrière, en 2011,  le taux de croissance était négatif de -1,8 ou - 1,9, aujourd’hui, on a un  taux de croissance positif. Il y a une grande différence entre ce qui s’est passé en 2011 et maintenant", a-t-il fait valoir.  

Gnet