Tunisie : Habib Essid n’exclut pas un remaniement ministériel

Publié le Mercredi 20 Mai 2015 à 14:59
Habib EssidLe chef du gouvernement, Habib Essid, a déclaré hier mardi dans une interview à France 24, qu’il se rendra la première semaine de juin devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), pour présenter le bilan des 100 jours de son gouvernement.

Le locataire de la Kasbah a indiqué que tous les membres de son gouvernement seront soumis à une évaluation, à la lumière de laquelle, les mesures nécessaires seront prises. "Le remaniement ministériel est possible à tout instant, si un ministre commet une faute grave on ne va pas attendre les 100 jours pour le remplacer, la constitution me donne les prérogatives à ce sujet", a-t-il souligné.

Il a fait état d’une promesse de revoir les nominations à tous les niveaux sécuritaire,  économique et administratif, évoquant de nombreuses nouvelles nominations. "Nous avons  trouvé des personnes qui ne sont pas à leur place qui n’ont ni les moyens, ni la capacité, ni la formation requise pour s’acquitter de leur mission dans les meilleures conditions". Il a ajouté qu’il n’a jamais personnellement pensé à la démission. "Si j’y ai pensé, je n’aurai pas accepté cette mission", a-t-il dit.

Essid se définit  comme étant un homme qui "travaille beaucoup et parle peu", appelant les Tunisiens à faire montre de patience dans cette période sensible que traverse le pays.

Au sujet des augmentations salariales envisagées, il a indiqué qu’elles seront accordées dans la limité des moyens de l’Etat. "Les majorations salariales relèvent d’engagements antérieurs, tous les engagements pris par les gouvernements précédents engagent l’actuel gouvernement dans le cadre de la continuité de l’Etat", a-t-il dit.  

Il estime par ailleurs que "l’autorité de l’Etat existe mais il faut beaucoup de travail pour qu’elle soit rétablie au vrai sens du terme", signalant que les autorités essaient de résoudre les problèmes par le dialogue, "la solution sécuritaire étant utilisée en dernier recours".  

Tout en admettant que le legs difficile, autant que la situation économique, le locataire de la Kasbah affirme que "la situation de la trésorerie est bonne, et que plusieurs crédits sont parvenus au pays". Selon ses dires, les fonds ne vont pas tous à la consommation, une bonne partie des crédits est allouée aux investissements.

Le chef du gouvernement s’est défendu de subir de quelconques pressions du président de la république, affirmant avoir les coudées franches d’agir en toute indépendance.  

Il estime, par ailleurs, que "la Tunisie pourrait jouer un rôle important pour une sortie de crise en Libye, vu les relations de voisinage entre les deux pays", évoquant "l’initiative du chef de l’Etat  pour le rapprochement des gouvernements de Tripoli et de Tobrouk, en concertation avec l’émissaire des Nations-Unies et les autres pays limitrophes".

Habib Essid a encore fait savoir que seuls 45 ressortissants tunisiens sont détenus en Libye, du fait de l’illégalité de leur situation, n’ayant pas de titre de séjour. "Ils ont été  traduits devant les services d’immigration en Libye dans l’attente d’une solution", a-t-il indiqué.

Le chef du gouvernement estime que la réconciliation est compatible avec la justice transitionnelle. "Le dialogue engagé entre l’Instance Vérité et Dignité, le gouvernement et la présidence de la république vise à mettre en harmonie la réconciliation escomptée et celle stipulée par la loi sur la justice transitionnelle", a-t-il souligné.  

Il s’est engagé à faire toute la lumière sur les dossiers de corruption, se disant être à égale distance de tous les partis formant son gouvernement.
Gnet