Tunisie : Ghannouchi se prononce sur les candidatures aux présidentielles

Publié le Mardi 08 Avril 2014 à 11:17
Rached GhannouchiLe président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, a déclaré hier,  lundi 07 avril, sur Nesma, que la situation provisoire actuelle et la nouvelle constitution n’empêchent pas Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaâfar de se présenter aux élections présidentielles, et ne les obligent pas à la démission au préalable. Il a qualifié cette démarche de naturelle et conforme aux usages démocratiques, signalant qu’il existe des instances de contrôle de l’utilisation des moyens de l’Etat au profit de l’intérêt privé.

Il a par ailleurs déclaré que Hamadi Jebali, "un dirigeant qui a son histoire et ses réalisations",  est resté à Ennahdha et ne l’a pas quitté, mais a demandé d’être dispensé du secrétariat général, "nous allons lui proposer d’autres postes", a-t-il dit, pointant "une dramatisation médiatique" de ce sujet.

Il a exclu que la démission de Jebali soit "une manœuvre ou une supercherie nahddhaouie", précisant que son mouvement n’a choisi jusque-là aucun candidat aux présidentielles.

Ghannouchi a réitéré son plaidoyer pour un gouvernement d’unité nationale après les élections, doté d’une large assise populaire, afin qu’il travaille sans entraves. "Les périodes de transition démocratique sont connues pour être vulnérables. Elles ne supportent pas les conflits et les tiraillements aigus", a-t-il indiqué, estimant que "la Tunisie a besoin d’apaisement, et de mobilisation des énergies et non d’hostilités et de consécration des contradictions et des rancœurs". "Nous  considérons que le pays s’est apaisé lorsqu’on est parvenu à des solutions consensuelles", a-t-il ajouté.

Ghannouchi a annoncé que son mouvement est en train d’évaluer son expérience au pouvoir. "Nous sommes en train d’évaluer notre expérience au pouvoir. Parmi nos erreurs, est, peut-être, le fait que l’on se soit précipité, et que l'on n’ait pas patienté un peu, afin que l’on forme une coalition plus large que la troïka".

Sur ses liens présumés avec l’organisation des frères musulmans, il a rétorqué : "nous sommes liés aux musulmans dans le monde entier, au nom de la fraternité islamique et de la pensée, et nous ne disposons pas de pape à l’instar des chrétiens.  Je suis le président élu d’Ennahdha, et non président de n’importe quel autre parti ou organisation en dehors du pays. Les frères en Egypte ont leur parti et organisation indépendants de nous".

Il a déploré que ce qui s’est passé en Egypte, le qualifiant d’"une grande injustice ayant secoué les Tunisiens". "Comment émet-on un jugement, condamnant 529 citoyens égyptiens à la peine capitale en une demi-heure ?" S'est-il interrogé.   

Il a dit avoir tenté en juin 2013 de mener une mission de bons offices entre Sabahi et les frères, mais il n’ y a pas eu accord. "Aujourd’hui, nous ne voyons d’autre solution que le dialogue national, comme cela a été le cas en Tunisie. Ceux qui sont aux commandes en Egypte doivent comprendre que les peines de mort, les campagnes médiatiques et l’exclusion constituent le mal et non le remède, et ne régleront pas le problème, pour preuve le mouvement (populaire) ne s’est pas arrêté depuis l’été dernier." 

Il a estimé naturel que les frères aient commis des erreurs au pouvoir, mais "l’heure n’est pas à énumérer leurs fautes, mais à les soutenir".

"Les erreurs sont rectifiées par les méthodes pacifiques, comme le retrait de confiance, et non le putsch que nous condamnons, même s’il est mené par les islamistes", a-t-il souligné.
Gnet