Taieb Baccouche : "Nous n’avons pas peur du terrorisme" |
Publié le Samedi 05 Septembre 2015 à 09:31 |
Le ministre des Affaires Etrangères, Taieb Baccouche, a parlé, lors d'une interview accordée au journal allemand, Tagesspiegel et publiée dans la page officielle du ministère, de la lutte de la Tunisie contre le terrorisme, de la stabilité en dépit de l’état d’urgence et de l’aide de l’Allemagne au processus de démocratisation. Interrogé à propos de la décision du Président de la République de prolonger de deux mois l'état d'urgence, Baccouche a fait savoir que c'est une mesure qui facilite la lutte contre le terrorisme et qu'elle n'est pas en contradiction avec l'application des lois. Selon lui, l'état d'urgence est apprécié par la population. En ce qui concerne les investisseurs étrangers, Baccouche a déclaré que les Allemands sont les seuls à ne pas avoir quitté le pays. Qualifiant la coopération entre les deux pays d'exemplaire, il a souligné que l'Allemagne soutient la Tunisie sur le plan politique, représente ses intérêts à l'échelle des pays industrialisés et aide au plan bilatéral dans le domaine de la sécurité et de l'économie. Quant à la situation en Libye et ses conséquences sur les frontières, le ministre a souligné que la Tunisie compte sur l'aide de l'Europe pour mieux contrôler les frontières : "Nous agissons de concert sur le plan politique. Nous avons la même attitude, ce qu’a confirmé mon entretien avec mon collègue et ami Frank-Walter Steinmeier à Berlin. Nous sommes d’accord sur l’analyse et sur le processus politique nécessaire et j’en suis très heureux. Le seul moyen de réussir le processus de transformation en Libye est la négociation et la recherche d’une base d’entente entre les diverses parties et ce, en vue de former un gouvernement national stable qui serait en mesure de faire front contre les groupes terroristes tels qu'al Qaïda. Tant que la division durera et qu’il y aura des milices de part et d’autre, ce sera une brèche ouverte pour le terrorisme en Libye. Je pense que ce sera bientôt possible. Les choses s’arrangent. La formule qui a maintenant été trouvée est acceptée par tous les responsables politiques des deux parties. Il reste encore quelques milices armées qui y sont hostiles car elles n’ont ni vision politique, ni projet pour leur pays. Elles n’ont qu’une vision égocentrique reposant sur la force de leurs armes dont elles se servent illégalement pour toutes sortes d’affaires et de trafic humain dont le passage clandestin des réfugiés fait partie. Il est clair que certaines milices sont conscientes du fait qu’une solution politique signifierait leur désarmement et la perte de leurs avantages. Elles constituent un obstacle sur la voie d’une solution, mais cela ne va pas durer longtemps" a-t-il ajouté. Après les évènements de Sousse, 80 mosquées ont été fermées. Selon Baccouche, le gouvernement de la Troika est responsable de la situation : "Le gouvernement de la troïka a autrefois fermé les yeux sur l’infiltration d’armes et de terroristes. Ces derniers n’ont plus cette possibilité à présent. Les "imams" n’étaient pas officiellement habilités autrefois. Ils ont conquis les mosquées avec leurs milices et s’y sont installés pour recruter des combattants pour la Syrie. Ce projet a échoué grâce au succès du processus de transformation en Tunisie. Les mosquées ont été provisoirement fermées après l’attentat de Sousse pour y installer des imams contrôlés par l’Etat". A la fin de l'interview, Baccouche a fait savoir que la Tunisie ne sera jamais un pays où le terrorisme peut s’implanter : "Ce terrorisme est un phénomène éphémère et passager qui sera vite réglé, également grâce à l’aide de nos amis et en premier lieu l’Allemagne. Il ne faut pas avoir peur du terrorisme car les terroristes peuvent frapper partout. Le meilleur moyen de faire échouer le terrorisme est de montrer que l’on n’a pas peur et que la vie continue, que la lutte continue et que nous continuons à travailler et à voyager à notre gré. Voilà la réponse à donner au terrorisme car l’objectif des terroristes est de détruire l’économie. Quand quelqu’un veut faire peur, il ne faut pas entrer dans son jeu" a-t-il déclaré. |