"Si on réussit en 2018, le difficile sera derrière nous" (Youssef Chahed)

Publié le Vendredi 22 Décembre 2017 à 10:31
Youssef Chahed s'adresse aux Tunisiens via Facebook. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a appelé hier soir, jeudi 21 décembre, à tirer les leçons des élections législatives partielles en Allemagne, signalant que "le principal enseignement du scrutin est que 95 % des gens inscrits sur les listes électorales n’ont pas voté, ce qui traduit la désaffection des Tunisiens de la politique et de la chose publique, le plus grand danger pour notre démocratie naissante".

Dans une adresse au peuple, à travers Facebook, le locataire de la Kasbah a indiqué que "les Tunisiens en ont assez des conflits politiques, des querelles, et n’acceptent plus une telle dégradation du discours politique". 

"Les Tunisiens veulent qu’on leur parle d’emploi, de développement dans les régions… Ils souhaitent qu’on leur donne des solutions dans les domaines de l’éducation, de la santé…et n’en veulent pas des calomnies, des invectives et des batailles sur les fauteuils", a-t-il alerté, appelant à ce que les désaccords soient sur les projets et les programmes, et non sur les intérêts étriqués et les histoires oiseuses.

Chahed a, par ailleurs, décliné la vision de son gouvernement à travers la loi de finances 2018, celle qui a présenté "des solutions loin des slogans et du populisme, dans la limite des moyens de l’Etat qui vit des difficultés financières, et n’est plus en mesure de continuer à dépenser plus que ses ressources, et à recourir à l’endettement".

"Le plus grand défi du budget 2018 est la maitrise des dépenses et du déficit", a-t-il souligné, estimant que "c’est la première fois depuis la révolution que le volume des dettes va baisser en 2018 de 12 %. On va s’endetter moins en 2018, avec une maîtrise du déficit du budget dans une proportion inférieure à 5 %, c’est ce qui va redonner confiance en l’économie nationale", a-t-il pronostiqué, incitant les Tunisiens à consentir des sacrifices.

"Cette politique requiert des sacrifices, et c’est la raison pour laquelle, les lois de finances de 2017 et 2018 étaient difficiles", a-t-il concédé, prédisant une amélioration en 2019 et 2020, avec des LF "beaucoup plus faciles".

"Si on réussit en 2018, le difficile sera derrière nous", a-t-il assuré, faisant état de l’amorce d’une reprise économique, se traduisant par "des indicateurs positifs en matière production, d’exportation, d’agriculture, de tourisme et d’investissement", d’où le retour de confiance dans l’économie tunisienne ; une tendance qui va se confirmer les prochains mois, a-t-il indiqué en substance.

Youssef Chahed a plaidé pour "un climat politique sain et une stabilité politique", préalables à la réussite de son gouvernement. Il a appelé les partis et organisations participant au pouvoir à contribuer à l’instauration de cette stabilité politique, estimant assumer sa part de responsabilité en la matière, "c’est ce qui m’a incité à refuser la demande des ministres Afek d’être démis de leurs fonctions".

"La philosophie du gouvernement d’Union nationale ne repose pas sur les quotas partisans, mais sur les compétences", a-t-il expliqué, s’engageant "à garder  tout ministre qui accomplit son rôle et se prévaut d’une bonne prestation". "Je ne me plierai pas à la volonté des gens qui n’ont pas conscience de la gravité de la situation, et qui traitent la politique comme un jeu au gré de leur humeur personnelle", a-t-il asséné, affirmant que ces ministres (Ndlr : ceux d’Afek)  sont ceux de "la république tunisienne et non des partis". "Ma responsabilité, avec le soutien des partis, est de préserver la stabilité politique, et de faire en sorte que le gouvernement continue son travail, loin des pressions et de toute extorsion", a-t-il tempêté, affirmant que "le seul cadre politique aujourd’hui possible est le document de Carthage".

Chahed a, de surcroît, appelé à maintenir la vigilance face aux menaces terroristes, car le risque zéro n’existe nulle part, comme il a réitéré son engagement en faveur de la guerre contre la corruption. Il a reconnu l’éventualité qu’il y ait "des insuffisances" en matière de cette guerre, réaffirmant que "la place des corrompus est en prison". "Les gens savent qui est en train de combattre la corruption avec sérieux, comme ils savent que ceux qui mettent en doute cette guerre, sont ceux qui sont en train de défendre les corrompus", a-t-il lancé.

Youssef Chahed a tenté d’insuffler une dose d’optimisme, en s’adressant aux Tunisiens à travers facebook, une nouvelle tradition qu’il compte rééditer une fois par mois "dans un souci de proximité avec l’opinion publique". Son principal message est que malgré les difficultés, "la Tunisie est sur la bonne voie", et qu’avec la contribution de tous, elle parviendra à remonter la pente.
Gnet