Prévention de la torture : L’instance nationale hausse le ton

Publié le Samedi 03 Décembre 2016 à 10:54
Lapresse- Née fin mars dernier, l’Instance nationale de prévention de la torture (Inpt) confinée au 3e étage de l’ancien siège de la Banque de l’habitat à Montplaisir à Tunis.  Elle risque de rendre son dernier soupir à tout moment, faute de moyens matériels et financiers. Mais le bureau directeur tient bon. Pour ses membres, le "combat" doit continuer

Constitutionnelle, censée être autonome et indépendante, l’Instance nationale de prévention de la torture a été livrée à elle-même, privée des moyens de subsistance les plus élémentaires. En vertu du protocole facultatif antitorture et mauvais traitements, dégradants et humiliants, signé par la Tunisie en 2011, « les mécanismes nationaux de prévention devraient jouir d’une entière autonomie financière et opérationnelle pour pouvoir s’acquitter de leurs fonctions », a souligné la présidente Hamida Dridi. Et de même pour la constitution de 2014, d’où l’Inpt tire toute sa légitimité. « C’était, au départ, une revendication révolutionnaire qui n’a été suivie d’effet qu’après quatre ans, alors que l’adoption dudit protocole exige que l’instance soit mise en place une année plus tard, en 2012», précise sa présidente. Trois mandats lui ont été délégués : les visites, inopinées ou périodiques, à tous les centres de détention dans le pays, la sensibilisation à la lutte contre la torture et l’enquête et les investigations sur les cas présumés de torture.

« Lees membres travaillent, jusqu’ici, avec les moyens de bord, en l’absence d’une organisation structurelle, sans statut pour le personnel ni décret pour les salaires », note Hamida Dridi. Le secrétaire général, Dhiaeddine Mourou a souligné  : « L’instance se trouve menacée, son indépendance étant confisquée et son budget tronqué ». A ses dires, on ne lui consacre même pas une ligne de financement propre à elle. « On refuse catégoriquement que tout relève du budget de la présidence du gouvernement, ce qui est, d’ailleurs, illégal. On compte, ici, sur les médias et la société civile en tant que force de pression », lance-t-il.

Sa collègue Saida Mbarek s’est focalisée sur les difficultés de la mise en disponibilité des membres de l’instance, question qui fait encore défaut. « Cela est dû, en grande partie, au budget inconsistant. D’autant plus qu’on nous traite comme si nous étions une association civile volontaire», a-t-elle ajouté. Et de finir par résumer qu’il n’y a pas vraiment une volonté politique effective pour remettre l’Inpt sur pied. Mais, rétorque-t-elle, « on n’y renoncera jamais.. ».

Les membres de l'INPT ont confirmé que l’instance a effectué, jusque-là, une série de visites dans deux prisons, deux centres de rééducation de mineurs et un lieu d’accueil des réfugiés. D’après eux, les cas graves jusqu’à mort d’homme qui y ont été observés n’étaient pas à cause de la torture, mais bien d’une extrême négligence. En tout, 400 plaintes contre des cas de torture ont été recensées.