"Nous vivons à - 30 degrés sur l’échelle de pauvreté" (Nassim Soltani)

Publié le Mardi 17 Novembre 2015 à 16:10
Nassim Soltani. Le Cousin du martyr, Mabrouk Soltani, tué par les terroristes au Mont Mghila, a livré hier, lundi, un récit poignant sur l’extrême dénuement dans lequel est plongé ce village, limitrophe à la montagne.

Ce jeune de 20 ans a lancé un cri de détresse sur Nesma, affirmant que ce qui est arrivé à son défunt cousin, sauvagement décapité vendredi dernier par les terroristes, était prévisible. Il a souligné que feu Mabrouk Soltani était déjà visé, "il avait rencontré les terroristes à la montagne pendant Ramadan dernier, et a tout relaté à sa famille qui s’est gardé de dénoncer les terroristes, de crainte de représailles".

"Mabrouk a rencontré un terroriste bourré d’explosifs, de couteaux, et d’armes, c’était un Tunisien, avec un groupe d’une vingtaine de terroristes qui surveillaient d’en haut. Il lui a dit qu’on ne visait pas les civils, mais l’armée et la police", a-t-il relaté, ajoutant que les terroristes voulaient soudoyer son défunt cousin.  

"Les terroristes sont capables d’acheter les jeunes du village qui vivent la marginalisation, l’analphabétisme, et le chômage...et de les séduire par l'argent", a-t-il prévenu, ajoutant que la plupart des enfants et adolescents de la région sont en rupture scolaire, faute de moyens. "Nous vivons sous  le seuil de pauvreté, à -30 degrés sur l’échelle de pauvreté, on mange de l’herbe, on ramène de l’eau de la montagne. Et maintenant que le terrorisme est retranché dans la montagne, d’où vais-je boire", s’est-t-il interrogé.

"J’ai 20 ans je n’ai jamais vu un responsable dans notre village", a-t-il déploré, estimant qu’il ne connait la patrie qu’à travers sa carte d’identité. "Nous vivons des conditions extrêmement difficiles, on est privé des choses les plus élémentaires, et si Mabrouk est mort, c’est parce que la montagne constituait sa source de revenus". 

Nassim Soltani a appelé à recruter les jeunes du village dans l’armée, indiquant que si les habitants se résolvent à quitter leur patelin, les terroristes finiront par mettre la main dessus, et c’est comme ça qu’ils pourront gagner du terrain, mais il ne faut pas les laisser faire, il faut leur dire stop, a-t-il lancé à la fois déterminé et résigné.  
Gnet