Naufrage : Les migrants auraient payé entre 2000 et 3000 dt pour la traversée

Publié le Mardi 05 Juin 2018 à 08:37
68 rescapés, plus d’une centaine entre morts et disparus au large de Kerkennah- Sfax, c'est le bilan provisoire de la nuit du Samedi 2 au Dimanche 3 Juin 2018 où environ 180 migrants ont entrepris une traversée incertaine vers les côtes européennes à bord d'une embarcation fragile et surchargée.

D’après Lorena Lando, chef mission de l’OIM, organisme des Nations unies chargé des migrations en Tunisie, parmi les 60 victimes transférées vers le service de la médecine légale à l’hôpital Habib Bourguiba de Sfax, 48 sont tunisiennes, dont 24 identifiées à cette heure, alors que 12 sont non-tunisiennes (6 femmes et 6 hommes) ; les identifications sont en cours. Les 68 survivants comptent, de leur côté, 60 Tunisiens, 2 Marocains, 1 Libyen, 1 Malien, 1 Camerounais et 3 Ivoiriens (dont 2 femmes).

Les migrants auraient payé un montant de 2000 à 3000 Dinars tunisiens pour la traversée. Le bateau de pêche qui les transportait aurait quitté les côtes de Kerkennah le samedi 02 Juin en début de soirée, et s’est retrouvé en difficulté 2h après. C’est vers 22h45 que les unités maritimes de l’Armée Tunisienne et de la Garde Nationale ont répondu à l’appel au secours, à 5 miles des cotes de Kerkennah.

"Il n'y a pas de mots pour décrire ce drame", a commenté Lorena Lando, "Derrière ces chiffres, des hommes, des femmes et des enfants ont perdu la vie en poursuivant un rêve incertain. Nos pensées vont aux familles et proches des migrants décédés. Nous leur présentons nos sincères condoléances et leur assurons notre solidarité la plus absolue".

Après le sauvetage, l'équipe de l'OIM à Sfax a été mobilisée sur place pour fournir de l'assistance d'urgence, effectuer les entretiens d'évaluation des besoins et fournir un soutien psychologique auprès des rescapés, en étroite collaboration avec la cellule de crise déployée par le Ministère de la Santé et le Croissant Rouge Tunisien, les autorités locales et les différents partenaires impliqués.

Les opérations de recherche et de sauvetage menées par les unités de la garde nationale et de la marine nationale, avec la participation d’un avion militaire et de plongeurs de l’armée nationale et de la protection civile, se poursuivent, dans l’espoir de trouver des survivants et repêcher les corps des victimes. « L’OIM continue de recueillir des informations sur la tragédie et d’évaluer comment soutenir les rescapés. », a ajouté Lorena Lando.

Cette tragédie survient alors que l’OIM recense 1910 migrants tunisiens arrivés en Italie entre le 1er janvier et le 30 Avril 2018, dont 39 femmes et 307 mineurs – 293 non accompagnés. Ils étaient 231 pour la même période en 2017.

L'OIM qui appelle à adopter une approche basée sur le dialogue et la coopération en vue d’apporter une meilleure réponse aux défis migratoires et à protéger tous les migrants indépendamment de leur statut juridique, préconise notamment d'intensifier les activités de sensibilisations menées, notamment les campagnes d'information ciblées autour les risques du projet migratoire irrégulier et la promotion des alternatives légales pour que la migration soit un choix éclairé et non une nécessité absolue.

Communiqué