L’UTAP s’alarme de la situation catastrophique du système de production du lait

Publié le Jeudi 14 Juin 2018 à 09:22
L’Union tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP) considère que "la tentative de comprimer le taux d’inflation et d’aider les consommateurs au nom de la préservation de leur pouvoir d’achat ne pourrait être menée au détriment des agriculteurs qui représentent la couche sociale, la plus touchée par la marginalisation et la paupérisation".

Dans un communiqué paru sur sa page officielle, l’organisation agricole met en garde contre "la situation catastrophique" que traverse le dispositif de production laitière, menacé "d’effondrement" à cause de l’accentuation des pertes au niveau de tous les maillons de la chaîne : production, collecte, industrialisation et l’accumulation de la dette du fait de la forte augmentation des prix des aliments pour bétail, de la main d’œuvre, outre la dépréciation du dinar, ce qui a donné lieu à la hausse du coût d’importation de nombreux produits utilisés dans la production, la collecte et l’industrialisation du lait.

L’UTAP relève le manque sensible des têtes de bétail, du fait de l’abattage anarchique, de la contrebande, de la dégradation du rendement du secteur et de la baisse de la production de 25 % pouvant atteindre 50 % les prochains jours, bien que l’on soit en période d pic de production.   

"Cette situation a de graves conséquences socio-économiques sur l’ensemble des intervenants, notamment les petits éleveurs, qui représentent environ 95 % du secteur, et qui seront amenés à renoncer à leur source de revenu, l’élevage, ce qui augmentera le chômage, l’exode et l’émigration clandestine", s’alarme-t-elle.

"L’organisation pointe les tentatives du ministère du Commerce de mettre à mal le secteur à travers l’importation de 10 millions de litres, avec un coût de 1.800 dt le litre,  ce qui attente à notre système de production, constitue une hémorragie pour nos ressources limitées en devises, et un soutien l’agriculteur étranger, aux dépens de l’agriculteur tunisien". 

L’UTAP fait assumer l’autorité de tutelle la responsabilité de la dégradation de ce secteur, et l’indifférence envers les revendications de l’ensemble des intervenants, notamment les agriculteurs. Elle appelle "à ajuster rapidement le prix de référence, de manière à ce qu’il soit adapté au coût réel de la production, et à commencer à compter du 1er janvier 2019 à s’acheminer vers la vérité des prix, de manière à garantir la rentabilité et la compétitivité du secteur".

L’organisation agricole réclame la mise en œuvre d’un programme national pour la mise à niveau du cycle de production, à travers l’augmentation du cheptel dans les exploitations agricoles, la mise à disposition des aliments pour bétail locaux, la création d’un fonds de santé vétérinaire, et le soutien à la production locale des génisses.
Gnet