Le terrorisme ne permet pas de s’affranchir de l’hégémonie occidentale

Publié le Mardi 02 Février 2016 à 16:58
Hichem DjaïtLe penseur et islamologue tunisien, Hichem Djaït, considère contre-productive la guerre menée par les mouvements islamistes extrémistes dans les pays arabes. Si leur prétexte était l’affranchissement de la domination occidentale, précisément américaine, le terrorisme n’en serait pas le moyen, a-t-il dit en substance. 

Dans une interview accordée au magazine el-Jadid, parue lundi dans sa 13ème édition, Djaït a indiqué que les mouvements islamistes sont des mouvements bellicistes, et ce qu’ils font ne produira pas de résultat. "L’hostilité a déjà eu lieu avec l’occident hégémonique, et qui l’est encore, notamment l’Amérique, avec l’invasion de l’Irak ; le monde arabe a demeuré sous domination occidentale", a-t-il souligné.

"Ceux-ci veulent se libérer de l’occident par la voie du terrorisme, mais ce terrorisme ne produit pas de résultat, tant qu’on n’a pas réalisé la renaissance survenue au Japon et en Chine, et tant qu’on n’a pas une rationalité de développement portant sur la production industrielle et autre", a-t-il analysé.

S’agissant de l’expérience tunisienne, cinq ans après la révolution, Djaït a évoqué "une réussite relative du concept de la démocratie, mais en définitive, la démocratie est importée du monde occidental".

L’intellectuel considère que l’affrontement actuel entre les pays arabes d’un côté et les mouvements fanatiques et leurs idées extrémistes de l’autre, empêche une bonne lecture des événements.

"N’oublions pas que le monde arabo-musulman est en crise, et que les Arabes et les musulmans s’intéressent premièrement au présent, car il reste essentiel pour leur pérennité".

"L’exacerbation des problèmes politiques et des crises multiples, notamment depuis le printemps arabe, n’aide pas à créer une distance permettant une lecture du fait historique, ou même de la pensée mondiale…l’intérêt est focalisé sur le présent et le vécu", a-t-il dit. 

La fondation arabe des études et de l’édition, dont le siège est à Beyrouth, a choisi Hichem Djaït, personnalité de l’année 2015.
Gnet