Le problème n'est pas Youssef Chahed, "jeune et beau gosse", mais son programme

Publié le Mardi 12 Septembre 2017 à 11:56
Youssef Chahed a essuyé hier un chapelet de critiques de la part des députés, lors de la longue séance plénière consacrée à voter la confiance aux nouveaux ministres et secrétaires d’Etat.

Nombreux députés ont été sceptiques quant à la capacité de ce gouvernement de redresser le pays et de le sortir de l’ornière, relevant "l’incompétence" de certains de ses membres, dont certains ne sont pas à leur place. "Pourquoi aimez-vous les gens sur lesquels pèsent des soupçons de corruption", s’étonne Samia Abou (Courant démocrate), s’interrogeant sur les raisons du remplacement des ministres de l’Intérieur et de la Défense, dont "la réussite fait l’unanimité". 

Pour son collègue Aymen Aloui (Front populaire), le chef du gouvernement au "discours monotone" devrait être le dernier à parler d’espoir. "Les gouvernements de droite, libéraux, conservateurs, émanant d’une mentalité familiale, féodale et sectaire et qui défendent les intérêts étriqués ne peuvent produire un discours d’espoir ou transformer leur patrie", a-t-il dit, lors de la séance nocturne.  "Les gens habitués à la culture d’instruction, et d’obéissance, qui ne peuvent pas dire non, n’ont pas le droit de donner des leçons en matière de proposition et d’alternative", s'est-il encore élevé.

D’autres élus n’ont pas manqué de donner des conseils au locataire de la Kasbah. Houcine Jaziri, (Ennahdha) l’a conseillé de lire la sourate Youssef, une fois par semaine, afin qu’il sache gérer ses rapports avec ses frères et les autres etc. Mustapha Ben Ahmed (Machrou Tounes) lui a recommandé, de convoquer dès le lendemain (ce matin) le PDG de Tunisair pour s’attarder sur la situation déplorable dans laquelle est empêtrée la compagnie nationale, objet, à ses yeux, de sabotage.

Fadhel Ben Omran (Nidaa Tounes) a salué la jeunesse, le dynamisme de Youssef Chahed, (et lapsus) "petit-fils de Radhia Nasraoui" , avant de se ressaisir, de Radhia Haddad.

Jilani Hammai (al-Jabha), a critiqué les choix du gouvernement qui relèveraient à ses yeux de l’ancien modèle de développement. Selon ses dires, l’action du gouvernement sera vouée à l’échec, s’il ne revoit pas la politique d’endettement, le dispositif fiscal, le secteur parallèle, s’il ne baisse pas l’importation de 50 %, et ne procède pas à la nationalisation des grandes compagnies dont celles pétrolières….le problème, poursuit-il, n’est pas Youssef Chahed, "poli, sympathique, jeune et beau gosse", mais son programme "qui mènera le pays à la crise, plutôt qu’à la réussite".
Gnet