Le Maghreb reste la région la moins intégrée du monde

Publié le Vendredi 15 Février 2019 à 12:37
Si certains pays du Maghreb ont accompli des progrès substantiels sur le front des échanges, la région dans son ensemble reste l’une des moins intégrées du monde, indique une étude du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI.

Les échanges intrarégionaux représentent moins de 5 % du total des échanges des pays qui la composent, soit un pourcentage nettement inférieur à celui observé dans tous les autres blocs commerciaux régionaux du monde, ajoute cette étude parue cette semaine sous l’intitulé :  L’intégration économique au Maghreb, une source de croissance inexploitée. 

Des considérations géopolitiques et des politiques économiques restrictives ont empêché l’intégration régionale. Les politiques économiques, guidées par des considérations nationales prêtant peu d’attention à la région, ne sont pas coordonnées.

Les restrictions aux échanges et aux mouvements de capitaux restent importantes et freinent l’intégration régionale pour le secteur privé. Une plus grande intégration entre les pays du Maghreb se justifie sur le plan économique. L’intégration créerait un marché régional de près de 100 millions de personnes disposant chacune d’un revenu moyen d’environ 4.000 dollars en termes nominaux et d’environ 12.000 dollars en parité de pouvoir d’achat.

Cela rendrait la région plus attrayante pour l’investissement direct étranger, réduirait les coûts des échanges intrarégionaux et des mouvements de capitaux et de main-d’œuvre, et améliorerait l’efficience de la répartition des ressources. Cela renforcerait aussi la résilience du Maghreb face aux chocs exogènes et à la volatilité des marchés.

L’intégration du Maghreb peut jouer un rôle important dans une stratégie visant à favoriser une plus forte croissance dans la région. Diverses estimations suggèrent que l’intégration régionale pourrait, à long terme, contribuer à augmenter la croissance d’un point de pourcentage en moyenne dans chacun des pays du Maghreb.

L’évolution économique reste certes principalement tributaire de politiques nationales vigoureuses, mais l’intégration pourrait entraîner un doublement des échanges intrarégionaux qui soutiendrait la croissance et augmenterait l’emploi. Une plus grande intégration fera sans doute des gagnants et des perdants dans chaque pays. La politique publique devra s’efforcer de remédier aux éventuelles perturbations.

Pour intégrer leurs économies, les pays du Maghreb devraient réduire les obstacles aux échanges et à l’investissement et relier leurs réseaux d’infrastructure. Ils devraient axer leurs efforts sur la libéralisation des échanges de biens et de services et celle des marchés financiers et des marchés du travail.

La levée progressive des obstacles aux échanges intrarégionaux, la construction d’infrastructures régionales et l’amélioration du climat des affaires stimuleraient les échanges au sein du Maghreb et permettrait d’intégrer davantage les chaînes de valeur mondiales. Cette plus grande intégration régionale devrait accompagner l’intégration mondiale des pays du Maghreb. Pour accélérer la transition de la coopération à l’intégration, les gouvernements du Maghreb doivent fixer des objectifs d’action « communs » couverts en anglais par l’acronyme « JOINT » (Jobs, Openness, Inclusion, Negotiations, Trade), à savoir :

• Création d’emplois grâce à une plus forte croissance.
 • Ouverture du modèle économique de chaque pays.
•  Croissance inclusive permettant de répartir plus largement les bienfaits de la croissance.
 • Négociation d’un nouvel accord d’intégration régionale.
• Forte intensification des échanges régionaux pour atteindre ces objectifs

Source : étude FMI