La contestation en Tunisie a "un côté manipulé", selon Sophie Bessis

Publié le Vendredi 12 Janvier 2018 à 12:42
Sophie BessisLa journaliste,  et chercheuse franco-tunisienne,  Sophie Bessis, pense qu’"il y a plusieurs raisons pour l’ampleur prise par le dernier mouvement de contestation sociale en Tunisie".

"Il y a évidemment une désespérance de la population. On assiste depuis plusieurs années à une dégradation des fondamentaux économiques et sociaux. Cependant, les émeutes auxquelles on assiste aujourd'hui ont un "côté manipulé" dont il faut tenir compte. Incontestablement, certains aspects de cette loi finances dérangent les intérêts de certains lobbies qui importent beaucoup. En Tunisie, une grande partie de l'économie est une économie parallèle. Dans un certain nombre de régions, les directeurs de cette économie parallèle ont tout intérêt que l'on proteste contre des taxes qui leur portent préjudice", analyse-t-elle dans une interview accordée à France Info parue sur son site.

"Il y a des gens qui se révoltent contre cette dégradation des conditions sociales de la population mais quand on voit les pillages, les destructions, ce ne sont pas que des manifestations citoyennes", ajoute-t-elle.

"La Tunisie est dans une position fragile, ses fondamentaux économiques et sociaux sont d'une très grande fragilité et sa classe politique s'est révélée incapable de mettre au point un plan à long terme", souligne cette spécialiste du Maghreb.

Elle estime que "les différents partis qui composent la classe politique sont des partis de lobby et pas des partis capables de prendre la situation en main et de réfléchir sur la façon de sortir la Tunisie de l'ornière".