IVD/ Indépendance : Les yousséfistes livrent leurs témoignages et réclament réhabilitation

Publié le Lundi 27 Mars 2017 à 11:23
Omar Essid, militant youssefiste. L’Instance Vérité & Dignité a consacré sa huitième séance d’audition publique aux violations des droits de l’homme, commises pendant la période d'indépendance de la Tunisie en 1956, après 75 ans de protectorat français.

Des partisans de l’ancien leader nationaliste arabe, Salah Ben Youssef, principal rival d'Habib Bourguiba, ont livré leurs témoignages sur les exactions commises à cette époque.

"Malgré nos sacrifices, nous avons été traités de traîtres et non pas comme des combattants parce que nous étions des partisans de Salah Ben Youssef. Nous avons beaucoup souffert et avons été privés de nos droits", a déploré Omar Essid, un ancien combattant de 84 ans.

"Je veux vivre respecté et non pas humilié et considéré comme un traître" , a-t-il réclamé

En novembre 1955 des opérations de liquidation contre l’opposition yousséfiste ont été menées par des Tunisiens soutenus par les forces françaises, ces "comités de protection" ont même été officialisés par la municipalité de Tunis qui rémunérait les personnes menant ces opérations, a-t-on appris vendredi soir.

Salah Ben Youssef est un leader nationaliste arabe, principal rival de Habib Bourguiba. Les deux hommes étaient membres-dirigeants du Néo-Destour, mais Ben Youssef en avait été exclu en 1955 avant d’être condamné à mort et à l’exil. Il avait mystérieusement été assassiné en 1961 en Allemagne.

Autre résistant à la colonisation française, Lazhar Chraïti, accusé d’avoir participé à une tentative de coup d’Etat contre Habib Bourguiba, avait été exécuté en 1963 et inhumé dans un endroit encore inconnu.

Dans un enregistrement vidéo, sa veuve Taouess Chraïti a raconté avoir été torturée pour avoir refusé de dévoiler le lieu où se cachait son mari, qui n’avait jamais été reconnu comme combattant sous le régime de Bourguiba. Aujourd’hui, ce qu’elle souhaite avant tout savoir, c’est où son mari a été inhumé. "Je veux récupérer sa dépouille et l’enterrer dans sa ville natale", a-t-elle souligné.
D’après IVD