Blanchiment d’argent : Quatre banques et deux sociétés tunisiennes impliquées

Publié le Mardi 12 Décembre 2017 à 08:44
TAP - Une part de "l’argent sale" qui a quitté la Russie, entre 2011 et 2014, vers l'Europe et d'autres pays, à travers "l’un des schémas de blanchiment d’argent les plus importants de l’histoire", est bien arrivé en Tunisie. Il a transité par le biais de transferts bancaires, à partir de pays de l'Europe de l'Est vers des comptes de "non résidents" et de transactions effectuées au profit de deux société exportatrices tunisiennes.

D'après les documents auxquels ont eu accès le journal russe "Novaïa Gazeta" et le Projet de reportages sur le Crime Organisé et la Corruption (OCCRP), lesquels ont exposé, de façon détaillée, le fonctionnement d’une machine russe à blanchir l’argent, près de 70000 transactions bancaires, impliquant 120 comptes bancaires et sociétés offshores ont permis à près de 500 personnalités russes de sortir de Russie plus de 20 milliards de dollars (environ 50 milliards de dinars), pour les placer à l’abri dans plusieurs États ouest-européens et d’autres pays, dont la Tunisie.

Entre l’automne 2011 et le printemps 2014, le journal indépendant moscovite Novaia Gazeta, a révélé un des plus importants trafics de blanchiment d’argent de l’histoire, baptisé “ Russian Laundromat” (Laverie russe), dans lequel ont été impliquées 4 banques tunisiennes aux côtés de centaines d'autres banques et 5 140 sociétés, dont des offshores, dans 96 pays.

L'implication de ces banques tunisiennes constitue bel et bien, un témoignage de la faiblesse de l'application des lois, du contrôle et des mesures de traçabilité des flux d’argent provenant de l’extérieur, vers la Tunisie. Elle alerte sur la défaillance de l’arsenal juridique mis en place en Tunisie pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Bien que cet arsenal soit renforcé après la révolution (17 décembre 2010-14 janvier 2011) et la chute de la dictature, la vigilance demeure de rigueur.

Par ailleurs, au moment où nous nous apprêtons à publier l'enquête, le 4 décembre 2017, le Conseil Ecofin, une formation du Conseil des ministres de l'Economie et des Finance de l'Union européenne (UE) classe la Tunisie, sur la liste noire des paradis fiscaux.

La Commission tunisienne des Analyses Financières (CTAF), relevant de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), avait déjà reconnu, dans son rapport publié en avril 2017, que le risque de blanchiment d’argent est "relativement élevé" et que la place bancaire tunisienne est attractive à ce genre d'opérations illicites.

Quatre banques tunisiennes et des transferts "douteux" d'environ 1 million de dollars

Les documents dont nous disposons, par le biais d"ARIJ" (Arab Reporters For Investigative Journalism), et leur source l’OCCRP (Organised Crime and Corruption Reporting Project), montrent que 4 banques tunisiennes, parmi les premières dans le pays, selon le classement bancaire de 2016, ont reçu, entre 2013 et 2014, des transferts «douteux» d’argent, d'un montant global estimé à 1 million de dollars ( 2,49 millions de dinars). Quatre transferts en dollars et en euro ont été effectués au profit d’une société serbe non résidente en Tunisie.
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