ARP/ Débat en plénière : Réserves des députés autour du gouvernement Chahed

Publié le Vendredi 26 Août 2016 à 12:44
Nidaa Tounes, le Front populaire, Al Horra, ou encore La Voix des Agriculteurs, ont émis plusieurs réserves au sujet de certaines nominations au sein du gouvernement Chahed. Sans les nommer, les députés ont exprimé des soupçons au sujet de certains ministres qui ne seraient pas, selon eux, à la hauteur de la mission. Interventions de certains députés :

Farida Laabidi (Ennahdha) : « Il faut commencer l’application du document de Carthage »
"Ennahdha avait déjà exprimé son soutien à ce gouvernement. Je salue l’implication de tous dans la réussite de cette initiative, mais je reste surprise au sujet de la non-implication des avocats qui ont pourtant joué un rôle important. Il faut que ce gouvernement aille directement vers l’application du document de Carthage, comme vient de le déclarer le chef du gouvernement. Nous avons aperçu ces derniers jours la peur de transgresser la constitution. Nous pensons que  le document de Carthage protège la constitution et il n’est dans l’intéret de personne de la pervertir, a-t-elle dit. « Nous nous attendons que ce le chef du gouvernement soit à la même distance de tous, et qu’il soit le ministre de tous les Tunisiens, et nous appuierons ce gouvernement s’il s’engage à faire appliquer les réformes nécessaires », a-t-elle précisé.

Hatem ferjeni (Nidaa Tounes) : «Certains CV ne sont pas à la hauteur des défis »
"Nous avions été les premiers à appuyer cette initiative puisque nous étions dans l’attente de réformes mais je suis dans l’obligation d’exprimer des réserves. Je m’engage à veiller à la bonne application du document de Carthage : La corruption, la lutte contre le terrorisme, la situation économique, nous nous opposerons à quiconque qui essaiera de vider le document de sa substance. Le mois de septembre connaitra une nouvelle crise, et nous nous attendons à des réformes rapides. Certains CV ne sont pas à la hauteur de ces défis, en l’absence de la compétence, la politique n’est pas suffisante. Cela deviendra un poids pour gouvernement. Nous voterons pour ce gouvernement mais nous  allons le suivre et le contrôler et  nous serons très alertes quant à son rendement", a-t-il dit, avant d’ajouter, que son bloc apportera l’appui nécessaire pour être un bouclier contre les menaces.

Slah Bargaoui (Al Horra) : « Nous devons choisir entre deux maux »
"Je salue la franchise du chef du gouvernement désigné, bien que nous ayons préféré qu’il soit précis et qu’il aborde les détails. Le poids de la  femme au sein de ce gouvernement est à saluer, mais nous déplorons le manque de compétences dans cette formation". Il est par ailleurs déplorable de vider l’ARP de ses parlementaires…"Aujourd’hui nous devons choisir mais nous n’avons pas vraiment le choix, nous devons faire un choix difficile".

Haithem Belgacem (CPR) : « Il faut protéger les dénonciateurs dans la lutte contre la corruption »
Il faut plancher sur la liberté, l’emploi et l’égalité entre les régions. Si nous ne rompons pas avec les choix d’avant, les résultats seront les mêmes. Il est primordial de réviser la législation pour lutter contre la corruption. Les dénonciateurs sont aujourd’hui traqués dans les différentes administrations, ils sont renvoyés alors qu’il faut qu’ils soient protégés. 

Mahmoud Kahri (Union Patriotique Libre): « Activer la discrimination positive est nécessaire »
"Il faut un grand effort de tous pour développer la Tunisie qui souffre d’une situation très difficile surtout dans les régions intérieures et là il faut activer l’article 12 sur la discrimination positive. Nous assistons à la réalisation de grands projets qui ne sont pas dans les régions défavorisées. Nous espérons que vous allez appliquer ce que vous avez promis, monsieur le chef du gouvernement. Nous vous appelons à tenir vos promesses, notamment en appliquant des projets promis par les conseils ministériels  pour les régions intérieures".

Faycel Tebini (La Voix des Agriculteurs): « Vous êtes le gouvernement des deux cheikhs »
Votre gouvernement a été formé en détournant la constitution et vous savez qui vous a désigné et qui vous révoquera. Qui que vous soyez, tant que les deux cheikhs seront d’accord, vous serez au pouvoir. Ceci n’est pas un gouverneront d’union nationale comme vous le prétendez. Vous avez vidé l’assemblée de toutes les têtes de listes.  Vous n’êtes pas le chef du gouvernement des Tunisiens mais des deux cheikhs.  Etes-vous capable de nous dire où est parti l’argent,  que la Tunisie a emprunté depuis 2011 ? Contrairement à ce qu’on dit, Samir Bettaieb est bien à son poste.

Riadh Jaidane (Indépendant)
:
« Certains ministres n’ont pas la compétence nécessaire »
"Nous sommes sur la bonne voie de la démocratie mais il n’est pas normal d’exclure des concertations, des partis représentés à l’ARP. Il n’existe pas de critères objectifs. Vous avez fait allusion à la situation critique que vit le pays, ceci ne veut pas dire que la composition du gouvernement est capable de lever les défis, qui sont de taille. Il existe un grand disfonctionnement dans le système financier, dans la promotion de l’investissement.

Salem Labyedh (Mouvement du peuple):
« Certains CV sont amplifiés, vérifiez-les !»

"Kheireddine et Ibn Khaldoun n’ont pas pu accomplir ce à quoi vous aspirez mais nous saluons votre volonté. Je vous invite sérieusement à vérifier les CV de vos candidats, comme fait toute administration parce que certains cv sont amplifiés. Je m’adresse au ministre de l’Agriculture qui m’accuse de défendre une idéologie, je lui dis que ce n’est pas un mal de défendre une idéologie, mais rappelez-vous que vous n’avez pas préparé votre doctorat dans l’enseignement supérieur, comme vous vous y êtes engagé".

Mohamed Rachdi Bouguerra (Nidaa Tounes) :
« Il faut sortir toute une génération de la marginalisation »

L’ancien gouvernement n’a pas été ferme dans l’application de la loi, il n’avait pas de programme clair pour le développement régional, et toutes les décisions sont restées de l’encre sur du papier. Vous avez été franc, vous nous avez enlevé une épine du pied avec votre discours, et si vous appliquez ce que vous avez dit nous sortirons de la crise. Il faut sortir toute une génération de la marginalisation.  Votre gouvernement est la dernière cartouche pour la Tunisie, s’il ne réussit pas, on est mal. J’espère que nous verrons la lumière après le tunnel que nous avons traversé depuis 1956 pour toute une génération. La lutte contre la corruption, embellir l’image de la Tunisie, voilà ce qu’il faut".

Leila Hamrouni (Al horra) : « Nous devons appuyer le gouvernement »
"J’accorde ma confiance à votre gouvernement car nous n’avons d’autre choix aujourd’hui que de s’entraider. Tous les  regards sont braqués sur nous, dans l’attente d’une sortie de crise. Votre discours est novateur, la présence de la femme est à saluer, la présence de certaines compétences est à louer aussi, bien qu' Al Horra n’ait pas demandé de ministères mais a choisi d’être une force de proposition".

Tarak Barrak (front populaire) : «Aujourd’hui ressemble à la veille »
"L’échec des gouvernements est à notre sens  du à la non application des revendications de la révolution et les attentes des jeunes.  Actuellement il existe des gens qui ont soif, et s’ils sortent dans la rue et protestent, il ne faut pas les agresser, il faut respecter le droit constitutionnel. Les agresser fera entrer la Tunisie dans une catastrophe. Aujourd’hui ressemble beaucoup à la veille, ne soyez pas flatté monsieur le chef du gouvernement par tout ce que vous avez entendu, on a dit la même chose à votre prédécesseur avant qu’il ne soit évincé".

Karim Helali (Afek Tounes) : « Il faut accorder du temps au gouvernement »
"La succession des gouvernements n’a pas permis au pays de se stabiliser. Il faut donner du temps à ce gouvernement pour qu’il puisse entamer les réformes. Il faut que  nous soyons tous solidaires pour avancer et puis tout n’est pas noir. Il faut reformer les instances de contrôle, leur donner les moyens nécessaires, comme la loi portant création du pôle judiciaire financier, la guerre contre la corruption est aussi primordiale". 

Ahmed Khaskhoussi (Mouvement des Démocrates socialistes)
« Ce n’est pas un gouvernement d’union nationale »

Les Tunisiens sont tous inquiets, quant à l’avenir de la Tunisie. Ce gouvernement est le résultat de concertations qui ont exclu plusieurs partis et personnalités politiques. Ce n’est pas un gouvernement d’union nationale, et c’est une faute politique, et marque d’immaturité politique. Ce sont des nominations basées sur le copinage et les intérêts partisans. D’ailleurs  où sont les compétences issues des régions, dont Sid Bouzid et Kasserine ? 

Ghazi Chaouachi (Courant démocratique):
« Les ministres doivent déclarer leurs biens »

"Je veux vous rappeler que le courant démocratique est un parti tunisien  qui a été choisi par le peuple et qui a été écarté des concertations. On peut comprendre que le chef de l’Etat ait évolué en pleine dictature et qu’il est habitué à l’exclusion, mais vous qui êtes jeune, comment pouvez-vous exclure une bonne partie des partis politiques ? Appelez-le ce que vous voulez ce gouvernement mais pas d’union nationale. Vous déclarez  vouloir lutter contre la corruption, pour ce faire il faut une stratégie globale, une volonté forte et des ministres qui sont dans l’obligation de déclarer leurs biens à leur arrivée, comme à leur départ. 
Gnet